Comprendre le lipoedème : une maladie encore trop méconnue
Introduction
Le lipoedème reste aujourd’hui une maladie largement ignorée du grand public et parfois même du corps médical.
Souvent confondu avec une simple prise de poids, il est pourtant une affection chronique touchant presque exclusivement les femmes, provoquant douleurs, lourdeurs et déformations progressives des jambes, parfois des bras.
Selon Ameli.fr, entre 5 et 10 % des femmes pourraient en être atteintes. Pourtant, la majorité d’entre elles ne reçoivent un diagnostic que très tardivement.
Une meilleure information est donc essentielle pour permettre une prise en charge précoce et adaptée.
Qu’est-ce que le lipoedème ?
Le lipoedème est défini comme une accumulation anormale de graisse sous-cutanée, principalement symétrique, qui touche les membres inférieurs (cuisses, jambes) et parfois les bras.
Cette graisse est douloureuse, résistante au régime et à l’exercice, et s’accompagne souvent d’une sensation de tension ou de lourdeur.
Comme le rappelle Lipoedème Association France, il s’agit d’une maladie du tissu adipeux, et non d’un simple excès pondéral.
Elle ne résulte ni d’un manque de volonté, ni d’une mauvaise hygiène de vie.
Les zones touchées présentent une disproportion marquée entre le haut et le bas du corps, alors que les pieds restent fins — ce qui aide à différencier le lipoedème du lymphœdème.
Les causes et facteurs favorisants
L’origine exacte du lipoedème n’a pas encore été pleinement élucidée.
Cependant, plusieurs éléments sont régulièrement observés :
- Une prédisposition génétique : la maladie est souvent retrouvée chez plusieurs femmes d’une même famille.
- Une influence hormonale : la maladie apparaît ou s’aggrave souvent lors de périodes clés de la vie hormonale féminine (puberté, grossesse, ménopause).
- Un déséquilibre microcirculatoire : un mauvais fonctionnement des capillaires pourrait contribuer à la rétention de liquide et à l’inflammation locale.
Ces facteurs expliquent pourquoi le lipoedème évolue progressivement, même sans changement notable du poids corporel global.
Les symptômes typiques
Les signes du lipoedème sont nombreux, mais quelques-uns sont caractéristiques :
- Jambes lourdes, douloureuses ou sensibles au toucher ;
- Facilité à faire des bleus ;
- Gonflement symétrique des cuisses et des jambes, alors que les pieds restent fins ;
- Peau à aspect granuleux ou bosselé à mesure que la maladie progresse ;
- Sentiment d’injustice et de découragement face à la résistance aux régimes.
Ces symptômes ont souvent un impact émotionnel fort, car la maladie modifie la silhouette et génère de la culpabilité.
Selon Lipoedème Association France, cette souffrance psychologique fait partie intégrante du vécu des patientes et mérite une prise en charge globale.
Comment le diagnostic est-il posé ?
Le diagnostic repose sur un examen clinique attentif, réalisé par un angiologue, un phlébologue ou un chirurgien esthétique spécialisé.
Plusieurs critères sont évalués :
- La symétrie du gonflement ;
- L’absence d’atteinte des pieds ;
- La présence de douleurs à la palpation ;
- L’historique hormonal et familial.
Un écho-doppler veineux est souvent prescrit afin d’écarter une insuffisance veineuse ou un lymphœdème associé.
Les différents stades du lipoedème
L’évolution du lipoedème se fait de façon progressive et est généralement classée en quatre stades :
- Stade 1 : la peau reste lisse, mais la graisse est déjà douloureuse ;
- Stade 2 : la surface cutanée devient irrégulière et granuleuse ;
- Stade 3 : les amas graisseux deviennent volumineux, entraînant une gêne physique ;
- Stade 4 : un lipo-lymphœdème peut apparaître, combinant atteinte graisseuse et lymphatique.
La gravité ne dépend pas uniquement du volume, mais aussi du degré de douleur, d’inconfort et d’impact sur la mobilité.
Les traitements disponibles
Aucune thérapie ne permet aujourd’hui de guérir complètement le lipoedème, mais plusieurs approches permettent d’en atténuer les symptômes et d’en ralentir la progression.
1. Le traitement conservateur
Ce traitement vise à améliorer la circulation et le confort quotidien.
Il comprend :
- Le drainage lymphatique manuel, pratiqué par un kinésithérapeute formé ;
- Le port de vêtements de compression (bas ou collants sur mesure) ;
- Une alimentation anti-inflammatoire et pauvre en sel ;
- Une activité physique douce comme la natation, la marche ou le vélo ;
- Un accompagnement psychologique si nécessaire.
Ces mesures ne réduisent pas le volume graisseux, mais elles diminuent les douleurs et la fatigue.
2. Le traitement chirurgical : la liposuccion WAL
Lorsque la gêne devient importante, une intervention chirurgicale peut être proposée.
La technique privilégiée est la liposuccion assistée par jet d’eau (WAL)
Cette méthode consiste à extraire de manière douce et sélective la graisse pathologique, tout en préservant le système lymphatique.
Elle permet une réduction significative du volume, une amélioration de la mobilité et une diminution durable de la douleur.
L’intervention se déroule sous anesthésie locale ou générale, selon la zone concernée.
Un vêtement de compression doit ensuite être porté plusieurs semaines, et un suivi kinésithérapique post-opératoire est indispensable.
Une prise en charge globale et personnalisée
Une approche pluridisciplinaire est aujourd’hui considérée comme la plus efficace.
Le parcours idéal associe plusieurs spécialistes :
- Angiologue : diagnostic et suivi vasculaire ;
- Chirurgien esthétique : évaluation du traitement chirurgical ;
- Kinésithérapeute : drainage, rééducation et compression ;
- Nutritionniste : conseils alimentaires personnalisés ;
- Psychologue : accompagnement de l’image corporelle et de la douleur chronique.
Chaque patiente bénéficie d’un suivi sur mesure, parfois même à distance grâce à la téléconsultation.
Vivre avec un lipoedème : gestes et conseils au quotidien
Certaines habitudes simples peuvent aider à améliorer le confort et à stabiliser les symptômes :
- Surélever les jambes plusieurs fois par jour ;
- Éviter les sources de chaleur excessive (bains chauds, saunas) ;
- Choisir des vêtements amples et confortables ;
- Boire suffisamment d’eau chaque jour ;
- Pratiquer une activité physique douce et régulière ;
- Limiter la station debout prolongée.
Ces gestes, simples mais constants, participent à un meilleur bien-être général.
En conclusion
Le lipoedème n’est ni une fatalité ni un simple problème esthétique.
Il s’agit d’une maladie chronique reconnue, nécessitant une écoute bienveillante et une prise en charge adaptée.
Grâce aux progrès récents et à la mobilisation d’associations comme Lipoedème Association France, la maladie est de mieux en mieux comprise et diagnostiquée.
Une approche personnalisée, combinant traitements médicaux, gestes quotidiens et accompagnement psychologique, permet aujourd’hui d’offrir aux patientes une réelle amélioration de leur qualité de vie.
Le mot du Dr Vairinho
« Le lipoedème ne doit plus être une source de honte ni de résignation. Il s’agit d’une maladie réelle, qui mérite d’être reconnue et soignée avec respect. Une évaluation précoce et une prise en charge globale changent profondément la vie des patientes. l est donc conseillé de consulter dès les premiers signes, sans attendre que la gêne s’installe. »
Foire aux questions (FAQ)
1. Le lipoedème peut-il disparaître sans traitement ?
Non. Le lipoedème est une maladie chronique et évolutive. Sans prise en charge, il tend à s’aggraver lentement. Les traitements visent donc à stabiliser la progression et à soulager les symptômes.
2. Quelle différence existe-t-il entre lipoedème et lymphœdème ?
Le lipoedème touche la graisse douloureuse sous la peau et épargne les pieds, tandis que le lymphœdème est une rétention de liquide lymphatique, souvent asymétrique et impliquant les pieds et les orteils.
3. L’intervention chirurgicale est-elle remboursée ?
En France, la liposuccion du lipoedème n’est malheureusement pas remboursée.
4. Les résultats de la chirurgie sont-ils durables ?
Oui, les résultats sont durables, à condition d’adopter une hygiène de vie équilibrée (activité physique, compression, alimentation).
La graisse retirée ne revient pas, mais de nouvelles cellules peuvent apparaître si la maladie continue d’évoluer.
